Le manque de sommeil nous tue
Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée, alerte : notre organisme a besoin de plus de sept heures de repos par nuit. Sans cela, nous nous mettons en danger.
Psychiatre, la docteure Sylvie Royant-Parola préside le Réseau Morphée, qui se consacre à la prise en charge des troubles du sommeil. Avec trois confrères médecins et chercheurs, elle a lancé dès 2017 un appel aux autorités sanitaires pour une véritable politique de prévention sur le sommeil.
Sous quel seuil estime-t-on qu’un individu soit en manque de sommeil ?
Un adulte se met en réel danger s’il dort moins de six heures par nuit. Les courts dormeurs existent. On estime entre 1 % et 3 % de la population ceux qui sont génétiquement programmés pour se contenter de quatre à cinq heures et demie de sommeil par nuit. Pour tous les autres, une nuit devrait durer entre sept et huit heures, exceptionnellement six heures. Jamais au-dessous. Celui qui, en vacances, dort systématiquement trois heures de plus que d’habitude (passant de six heures à neuf heures par nuit, par exemple) doit se poser des questions : il est sans doute en forte privation de sommeil.
A quels problèmes de santé un déficit de sommeil nous expose-t-il ?
Il y a bien entendu les conséquences immédiates et évidentes : troubles de la vigilance et de l’attention, dont les risques d’accidents lors de la conduite automobile – 30 % des accidents de la route mortels sont dus à la somnolence. Mais, au-delà, les découvertes de ces dix dernières années nous ont permis de mesurer toute l’importance du sommeil. La privation de sommeil, même relativement légère (une heure de moins par rapport au temps habituel), a des retentissements sur le métabolisme et le fonctionnement de notre organisme. Nous en sommes sûrs, désormais : le manque de sommeil nous tue.
Propos recueillis par Pascale Krémer journaliste « Le Monde ».