Small is beautiful : une question de taille
Avant de se sédentariser, Homo sapiens vivait dans des tribus de 100 à 150 personnes. Ce nombre, loin d’être un hasard, a été étudié chez les primates par Robin Dunbar. Notre cerveau a une limite dans sa capacité à entretenir des relations stables simultanément, et cette limite se situe à 150 personnes.
Ce nombre est aujourd’hui discuté, mais la limitation de la taille d’un groupe est observable dans la nature. Les animaux sociaux vivent dans des groupes qui se scindent lorsqu’ils deviennent trop grands. C’est notamment un moyen de toujours pouvoir s’adapter aux ressources disponibles sur un territoire. De même, une cellule ne grossit pas éternellement, elle se démultiplie.
C’est l’un des principes de l’organisation cellulaire, expliquée par Eric Delavallée dans S’inspirer du Vivant pour organiser l’entreprise. Il préconise des équipes de 8 personnes, au sein d’entités ne dépassant pas 200 individus, qui se démultiplient quand elles arrivent à leur limite. Pour Google, 7 est la taille optimale. Pour Jeff Bezos, une équipe ne doit pas excéder le nombre de parts d’une pizza (8). L’image illustrant la représentation des relations en fonction du nombre de personne dans un groupe permet de saisir facilement les enjeux de complexification et les risques liés à la communication au sein d’un groupe trop important.
*Le concept de Small is beautiful a été développé par Leopold Kohr, économiste qui, dès les années 1950, s’opposait à l’idée que la croissance pouvait résoudre tous les problèmes. « Chaque fois que quelque chose va mal, quelque chose est trop gros. » En anticipant de quelques décennies les idées écologistes et de décroissance soutenable, il a inspiré le livre de l’économiste E. F. Schumacher, Small is beautiful (1973), dans lequel il constatait : « L'économie du gigantisme et de l'automation est un résidu des conditions et de la pensée du XIXe siècle. Elle est tout à fait incapable de résoudre le moindre problème réel de notre temps. On aurait besoin d'un système de pensée entièrement nouveau, un système qui repose sur la prise en considération des personnes avant la prise en considération des biens. »
Rédigé par Muriel à partir des sources : CEC Paris Dauphine, Leopold Kohr, le mentor de Schumacher, rapport Meadows